Moisson de vieux films (Octobre/3)


Lucky Jo (Michel Deville, 1964)
Pas un grand Deville, pas un médiocre non plus. Une histoire de gendarmes et de voleurs pas très sérieuse, ce qui autorise quelques bagarres roboratives, où Eddie Constantine perd à peine son chapeau. Les Brasseur père et fils, en flics patelins, ne sont pas mal non plus. Du Melville qui aurait été réécrit par Echenoz ou Oster, si on veut situer. Un fort parfum de désenchantement flotte sur le film, et pas uniquement parce que les cadavres s'accumulent. A la fin, Constantine part seul avec un cocker qui ne lui appartient même pas. Un Deville, même léger, ça reste bien !

Fort Bravo (Escape from Fort Bravo, John Sturges, 1953)
Excellent western dans le décor naturel de Monument Valley. Des rebelles sudistes se font la belle, une escouade nordiste les poursuit, les indiens s'invitent au jeu. Rien que du classique, mais bien écrit, même la note sentimentale ne semble pas ridicule, c'est dire. William Holden, la classe ; Eleanor Parker, le charme. La mise en scène ne fait pas de prodiges, ce n'est que du John Sturges.

Joe Hill (Bo Widerberg, 1971)
Une biographie de Joe Hillström, émigré suédois aux Etats-Unis du début du 20ème siècle, toujours sur la route et entre deux boulots, qui devint un membre des Industrial Workers of the World, et se signala par ses chansons engagées. Exécuté à 36 ans, pour un crime qu'il n'avait sans doute pas commis. Célébré par Dos Passos et de nombreuses chansons folk, comme symbole de la lutte anti-capitaliste. Widerberg, s'attache au personnage en procédant par petites touches, loin du biopic traditionnel. Excellent film bien méconnu, hélas.

L'homme de Majorque (Mannen fran Mallorca, Bo Widerberg, 1984)
Adaptation d'un polar suédois. Une intrigue bien compliquée avec des policiers mous mais tenaces. Ambiance sordide, on visite les bas fonds de Stockholm avant de déboucher sur des agissements pas très nets au plus haut niveau de l'Etat. En gros, il y a quelque chose de pourri au Royaume de Suède. L'atmosphère ne dépaysera pas les amateurs de Mankell. Pas folichon, malgré tout, ce film, avec son rythme derrickien.


Le péché suédois (Barnvagnen, Bo Widerberg, 1962)
Premier long-métrage. Titre français ridicule (La poussette, traduit littéralement du suédois). Le quotidien de Britt Olsson, 18 ans, enceinte, toujours entre deux boulots minables. Une version scandinave du "Qu'est-ce que je peux faire ? J'sais pas quoi faire ?" de la Nouvelle vague française ? Non, plus proche des préoccupations sociales et pessimistes du Free cinema britannique (Richardson, Schlesinger). Cadrages anguleux, transitions abruptes, absence de psychologie, instantanés de l'époque (rock'n roll, télévision), mise en scène en creux qui privilégie les moments sans enjeux et escamote les instants clés : d'emblée Widerberg impose sa marque et prend ses distances avec Bergman. Attachant.




24/10/2010
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