Moisson de vieux films (Septembre/1)


La légende de Gösta Berling (Gösta Berlings saga, Mauritz Stiller, 1924)
Adapté de l'oeuvre de Selma Lagerlöf, ce film est une monumentale fresque de l'âme humaine. Un mélodrame sur le thème de la déchéance qui flamboie durant plus de trois heures. Le plus grand film de Mauritz Stiller, mort à 45 ans, après une expérience avortée à Hollywood. Garbo, qu'il a découvert et aimé, tient ici un second rôle. Bien qu'en léger surpoids, elle n'en illumine pas moins la dernière partie du film. Certaines scènes restent mythiques comme celle de la poursuite en traineau sur la neige avec une horde de loups aux trousses. Garbo était dans les bagages de Stiller en arrivant en Amérique. Contrairement à son metteur en scène, elle s'adapta, perdit quelques kilos et devint l'icône que l'on sait.

Scènes de chasse en Bavière (Jagdzenen aus Niederbayern, Peter Fleischmann, 1968)
Pour parler de son premier film, Fleischmann utilisait l'expression de "fascisme quotidien". Bien que l'action se déroule dans les années 60, dans un petit village bavarois, le film exsude en effet l'intolérance, la bêtise et la cruauté. Ce n'est pas une oeuvre de dentellière, c'est le moins que l'on puisse tour et le réalisateur multiplie les scènes grivoises, faisant passer les paysans locaux pour des arriérés et des êtres frustes et bornés. Peut-être pas très subtil, mais efficace, jusqu'à la curée finale où un des leurs, soupçonné de déviance homosexuelle, est traqué comme du gibier. Au moins sur le fond, certainement pas sur la forme, Scènes de chasse en Bavière rappelle instantanément le dernier Haneke.

Un meurtre est un meurtre (Etienne Périer, 1972)
Honnête artisan de polars, Périer adapte ici un scénario machiavélique, bien qu'assez tiré par les cheveux. Petite atmosphère chabrolienne de bon aloi (le défunt réalisateur fait d'ailleurs une apparition croquignolette) qui compense une mise en scène lambine. Le casting est goûteux : Brialy, Audran, Hossein, la charmante Catherine Spaak et un Serrault patelin à souhait. De là à dire que ça se regarde avec un certain bonheur, il y a un pas qu'il est possible de franchir.

L'inspiratrice (The Great Man's Lady, William Wellman, 1942)
Un Wellman fortement décevant, c'est assez rare. L'histoire de la femme dans l'ombre qui a fait du pionnier de l'ouest un homme admiré de tous est plutôt bateau. Bien que l'alchimie McCrea/Stanwyck (ils ont joué six fois ensemble) soit indéniable, l'atmosphère désabusé du film et son faux rythme le rendent à peu près insipide. Rien d'épique ni de grandiose dans cette oeuvre terne, sorte de comédie romantique ratée qui n'a d'autre intérêt que de prouver le talent de Stanwyck aussi crédible en jeune fille de 15 ans, qu'en vieille femme plus que centenaire.


La servante (Hanyeo, Kim Ki-young, 1960)
Fort intéressant de voir l'original après le remake (The Housemaid), qui n'en est qu'un sur le papier, Im Sang-soo ayant axé son propos sur l'aspect social dans cette histoire de bonne qui couche avec son patron (pour faire court). Le film de Kim Ki-young est un thriller noir, sordide, morbide, qui tourne carrément à l'horreur dans sa dernière partie, avec musique dissonnante et orage monstrueux pour ajouter à l'ambiance gothique. C'est tellement outré que ça en devient fascinant. Le personnage de la servante qui vient faire imploser une cellule familiale est simplement effrayant. Un grand classique coréen, soit, mais dont les effets ont malgré tout bien vieilli.






18/09/2010
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 9 autres membres