Récolte de vieux films (Mars/2)


Ladies of Leisure (Frank Capra, 1930)
Il existe une version muette du film, qui est largement inférieure, parait-il. Non que ce soit un chef d'oeuvre car il faut attendre la dernière demi-heure pour retrouver la vista et le sens du timing de Capra. A priori, c'est une comédie romantique. Genre la Party Girl, de base extraction, qui tombe amoureux du fils de bonne famille, lequel se la joue artiste, avant de reprendre l'entreprise de papa. Sauf que non, Capra knows better. Et le mélodrame pointe le bout de son nez, dans un dénouement joliment concocté, qui fait oublier le caractère bavard et statique de l'entreprise. Le film est surtout pour la jeune Barbara Stanwyck l'occasion de montrer l'étendue de son talent. Mission accomplie, elle devint star et le resta.

Acteurs ambulants (Tabi yakusha, Mikio Naruse, 1940)
Au début des années 40, les studios japonais devaient se plier à des consignes très strictes : tourner des films gais et ne parler en aucune façon de la guerre. Naruse tourne donc une comédie qui semble quelque peu éloignée de son style habituel. C'est oublier un peu vite qu'il en a déjà tournée dans la décennie précédente et que le genre lui sied plutôt. Le film se focalise sur deux acteurs dont le rôle, dans une pantomime jouée dans les villages (une parodie de kabuki), est d'endosser le costume d'un cheval, le public ne voyant que leurs pieds. L'intrigue est toute simple et n'est pas tordante de rire, nonobstant l'extrême importance que se donnent ces deux comédiens qui ont la conviction d'exercer pleinement leur art (surtout celui qui fait bouger les pattes antérieures) et qui en profitent pour emballer les serveuses de bar qui s'ennuient. Cette oeuvre plaisante, qui se donne des airs de fable, permet au passage de découvrir le Japon rural et le quotidien d'une troupe d'acteurs pas très reluisante.

Jeune Amérique (Young America, Frank Borzage, 1932)
La délinquance juvénile traitée de façon simple, naïve se dit le spectateur d'aujourd'hui, mais quel leçon de mise en scène. Oui, l'homme est bon, au fond, nous dit Borzage, surtout à 13 ans quand tous les champs du possible sont ouverts. Riez, cyniques, pleurez, cinéphiles, ce mélodrame humaniste est grandiose. Et le jeune Spencer Tracy, bougon de façade, est magnifique. Cher Frank, vous avez beau être décédé depuis belle lurette, je vous serre la main.

Le moulin du Pô (Il mulino del Po, Alberto Lattuada, 1949)
De la carrière de Lattuada, on pourrait qu'elle a commencé et s'est terminée par des oeuvres insignifiantes. Mais entre les deux, grosso modo de 1949 à la fin des années 60, sa filmographie est particulièrement intéressante, au moins autant que celle d'un Comencini ou Monicelli, par exemple. Le moulin du Pô, qui décrit la révolte de paysans contre les grands propriétaires terriens, en 1880, a dans ses meilleurs moments des allures de grand film soviétique. L'outrance de l'interprétation passe plutôt bien dans ce drame social et intime, clairement engagé, et particulièrement bien filmé dans un noir et blanc somptueux. Un film prolétaire, co-scénarisé par Fellini, que l'on a classé, abusivement, dans la veine du néo-réalisme.


Le retour (Homecoming, Mervyn LeRoy, 1948)
Mervyn LeRoy n'est pas n'importe qui. Son seul tort est d'avoir excellé dans tous les genres cinématographiques et d'être impossible à ranger dans une case. Le mélodrame de guerre est cependant son domaine de prédilection, avec son chef d'oeuvre : La valse dans l'ombre. Le retour n'est pas loin de le valoir. Lui manque un montage plus serré et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, un peu moins de pudeur. On sort les mouchoirs quand même, pour cette histoire d'un chirurgien égoïste que les combats vont changer de fond en comble. Gable est impeccable, comme d'habitude, et la surprise vient de Lana Turner, déglamourisée, au naturel, prodigieuse en infirmière qui perd pied peu à peu. Superbes (le film et Lana).





19/03/2011
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