Récolte de vieux films (Mars/4)


La tendre ennemie (Max Ophüls, 1936)
Trois fantômes se rejoignent le soir des fiançailles d'une jeune fille, l'un d'entre eux est son père, le deuxième l'amant de sa mère, le troisième son premier amour. Cette fantaisie de la première période française du grand Max est moins un film fantastique, malgré les effets spéciaux, qu'une vive critique des mariages de convenances et une ode à l'amour véritable. C'est assez daté, mais joliment filmé, plein d'ironie et d'humour pétillant.

La ronde des pantins (Idiot's delight, Clarence Brown, 1939)
Adapté d'une pièce signée d'un lauréat du prix Pulitzer, le film raconte comment divers personnages, coincés dans une station alpine, vivent le début d'une nouvelle guerre mondiale. Sachant qu'il est sorti en janvier 1939, c'est une fiction prémonitoire dont le but est, semble t-il, de railler les régimes fascistes. Très bien, mais le scénario a dû être écrit avec des moufles parce que le message est à peine lisible. A la fois film satirique, comédie musicale (avec Gable qui danse, et ce n'est pas ce qu'il fait de mieux) et drame improbable. Le pire est le jeu de Norma Shearer, affublée d'un atroce accent russe, sans doute destiné à parodier les rôles "exotiques" de Garbo. Ridicule !

Aniki Bobo (Manoel de Oliveira, 1942)
Au temps de son premier long-métrage, Manoel de Oliveira était encore un jeunot, 34 ans seulement ! On a vu dans Aniki Bobo un film précurseur du néo-réalisme et il est vrai que cette chronique d'enfance, dans sa bonne ville de Porto, ressemble quelque peu à du de Sica. L'intrigue, assez mince, pourrait se passer dans le monde des adultes : amitié, amour, trahison, lâcheté, jalousie ... Elle est cependant proche du burlesque par bien des côtés, avec une bienveillance qui s'efface parfois devant le drame et le sentiment de la culpabilité avec une scène qui appartient clairement à l'expressionnisme. C'est la naïveté poétique de l'ensemble qui emporte l'adhésion, totalement maîtrisée par une mise en scène d'une fluidité parfaite.


Jeune Amérique (Young America, Frank Borzage, 1932)
La délinquance juvénile traitée de façon simple, naïve se dit le spectateur d'aujourd'hui, mais quel leçon de mise en scène. Oui, l'homme est bon, au fond, nous dit Borzage, surtout à 13 ans quand tous les champs du possible sont ouverts. Riez, cyniques, pleurez, cinéphiles, ce mélodrame humaniste est grandiose. Et le jeune Spencer Tracy, bougon de façade, est magnifique. Cher Frank, vous avez beau être décédé depuis belle lurette, je vous serre la main.



25/03/2011
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