Avec vue sur le Pacifique (Dioses)

Derrière le brésilien et l'argentin, aux moyens bien plus considérables, le cinéma péruvien est sans nul doute le plus intéressant d'Amérique du sud. Francisco Lombardi, Claudia Llosa (Fausta) et Josué Mendez, dont on n'a pas oublié le cinglant Dias de Santiago, en sont les figures de proue. Avec Dioses, Mendez prend pour cible la minorité des très riches péruviens, isolés du monde dans leurs maisons de Lima ou dans leurs villas luxueuses de la côte, avec vue sur le Pacifique. Le film, par petites touches, avec des scènes qui reviennent en boucle et des cadrages ultra stylisés, théâtralise ce microcosme avec une violence sourde, dissimulée derrière la richesse écoeurante du décor et la beauté apparente de ce petit monde oisif et foncièrement vulgaire. Facile de s'en prendre aux nantis ? Certes, et le film a d'ailleurs des accents universels, tout autre pays pouvant remplacer le Pérou. L'intérêt de Dioses est dans sa mise en scène, à la limite du maniérisme, ses brefs moments d'outrance (inceste, drogues et avortement) dignes d'une telenovela et sa vision périphérique (les domestiques, les bidonvilles de Lima) qui donnent du relief et une perspective à un discours qui, sinon, serait banal et sans risques. Avec son atmosphère à mi-chemin entre Canines et Daniel & Ana, Dioses est un film dont le parfum capiteux a des relents de pourriture.



23/06/2010
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