Le printemps du cinéma tchèque (3)


Un été capricieux (Rozmarne leto, Jiri Menzel, 1968)
Soit un major de l'armée, un prêtre et un libertin qui nage en tétant un énorme cigare. Et aussi un magicien funambule et la délicate assistante d'icelui, à la cuisse légère. Soit un film à l'érotisme raffiné, aux conversations philosophiques qui se dissolvent dans un ennui policé en cet été paresseux et capricieux. Encore un drôle d'objet cinématographique de l'école tchèque, filmé avec une certaine grâce et un sens de l'absurde quasi permanent. Bunuel et Ionesco ne sont pas loin.


La plaisanterie (Zert, Jaromil Jires, 1969)
Une adaptation fidèle à l'esprit et à la lettre de Kundera. Critique acerbe du régime communiste à travers 30 ans d'histoire tchécoslovaque marqués par la délation, la pensée unique, la trahison, entre autres. Le film est toutefois cacophonique, bizarrement construit et constamment empreint d'ironie. Il est en revanche très clair dans ses positions politiques.


L'incinérateur de cadavres (Spalovec mrtvol, Juraj Herz, 1969)
L'un des plus impressionnants films du cinéma tchécoslovaque (et même mondial). Ou comment, en 1939, le responsable d'un crematorium en vient à adhérer insensiblement aux théories raciales nazies. Très stylisé, dans une atmosphère sépulcrale étouffante, Juraj Herz nous montre un monstre en devenir. Le macabre se teinte parfois d'humour, suffisamment pour ne pas suffoquer devant ce film terrible. Une oeuvre qui explore le côté le plus visqueux de l'âme humaine, et qui peut être considéré comme un film d'horreur sur l'Holocauste. D'origine slovaque, Juraj Herz, a tourné ce film à 34 ans. Il a sa place parmi les chefs d'oeuvre du 7ème art.


Un jour, un chat (Az prijde kocour, Vojtech Jasny, 1963)
Une petite cille tchèque, tranquille, avec ses petites histoires racontars. Voici qu'arrive un magicien, son adorable assistante et, un chat qui porte lunettes. Enlevez-lui cet accessoire et les gens deviennent de toutes les couleurs : rouges sont les amoureux, bleus les hypocrites, jaunes les perfides etc. Le film déraille complètement : un univers à la Jacques Demy, en plus loufoque. La fantaisie, l'imagination, l'amour règnent en maître et les autorités ont bien du mal à mettre de l'ordre dans ce délire désorganisé. Un jour, un chat est un hymne à la liberté de penser et de jouir, inimaginable dans la Tchécoslovaquie de 1963. Et pourtant ...



26/07/2010
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