Les couleurs délavées de l'arc-en-ciel (L'imposteur)

L'apartheid est mort en Afrique du Sud mais la ségrégation existe toujours. Sous une autre forme, implacable, déterminée par les clivages sociaux, la prééminence de l'argent. Le roman de Damon Galgut, L'imposteur, raconte un pays qui, à l'encontre du discours officiel, est loin d'être ce paradis arc-en-ciel, rêve de Mandela hélas utopique, du moins pour l'instant. Dans son dernier livre, Galgut fait une autopsie réaliste de la dégradation des relations humaines dans une nation encore malade de l'apartheid, et livrée au chaos et à l'impéritie. Les mafieux, les anciens tortionnaires, les nouveaux riches se goinfrent pendant que l'écart avec les plus pauvres ne cesse de grandir. Le "héros" de L'imposteur est à la croisée des chemins, faible, loser, fasciné par ses faux amis qui mènent la danse, sans états d'âme. Est-il progressiste ou réactionnaire ? Lui-même est incapable de le dire, exilé dans son propre pays, en pleine dépression. Lent et hypnotique, le roman confirme tout le bien que l'on pensait de Galgut après la lecture d'Un docteur irréprochable. Une voix sud-africaine, à mille lieux du politiquement correct, qui interroge une société et ses dérives. Les couleurs de l'arc-en-ciel sont délavées.





20/06/2010
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