Louise attaque !

Voir ou revoir Louise Brooks. Un pur bonheur.


Loulou (Die Büchse der Pandora, G.W Pabst, 1929)
C'est après voir vu Une fille dans chaque port, de Hawks, que Pabst décide d'engager Louise Brooks, plutôt que Marlene Dietrich, pour son adaptation de deux pièces du dramaturge allemand Wedekind. Et c'est ainsi qu'une icône nait. Scandaleusement belle, scandaleusement immorale, scandaleusement libre : la Loulou de Pabst outrage les bonnes moeurs (ne séduit-elle pas un père et son fils, n'entretient-elle pas une relation homosexuelle ?). Le côté sulfureux et érotique de la chose semble bien dépassé aujourd'hui mais, dans l'Allemagne pré-nazie de 29, on ne plaisante pas avec ça. Résultat : le film est mutilé au mépris de toute chronologie. Il faudra attendre 1980 pour qu'une restauration soit présentée dans sa version originelle de 2h12. Dans le film, Louise Brooks oscille entre la femme fatale et la jeune fille (presque) innocente et victime. Elle a plus qu'un point commun avec la Nana de Zola, d'ailleurs adaptée par Renoir, deux ans plus tôt. Quant au style de Pabst, il appartient davantage à l'école réaliste qu'à l'expressionnisme, hormis les dernières séquences brumeuses de Londres.







Le journal d'une fille perdue (Das Tagebuch einer Verlorenen, G.W Pabst, 1929)
Moins immédiatement séduisant que Loulou à cause d'un scénario davantage convenu. En revanche, la mise en scène est plus brillante. Cette adaptation d'un roman de Margarete Böhme est avant tout une attaque au vitriol contre la bourgeoisie allemande. Son héroïne ne trouve t-elle pas une certaine forme de bonheur au sein du bordel où elle échoue, alors qu'elle a vêcu un enfer familial ? Le rôle de Louise Brooks a beau ne pas avoir la même ampleur que dans Loulou, l'actrice est néanmoins exceptionnelle, démontrant une palette de jeu incomparable. Jugé scandaleux, le film fut censuré. L'actuelle version de 105 minutes est malgré tout très proche de la version initiale.




Prix de beauté (Augusto Genina, 1930)
Petite dactylo, Lucienne envoie sa photo pour le concours de Miss France. Elue, elle devient Miss Europe dans la foulée. Sera t-elle fidèle à son fiancé ou se laissera t-elle griser par la gloire ? Telle est la question. Le scénario a été écrit d'après une idée de René Clair qui, hélas, se retira du projet et laissa les rênes au médiocre Augusto Genina. Tourné comme un film muet, Prix de beauté fut ensuite post-synchronisé. Et c'est une catastrophe ! Louise, doublée par une actrice française non créditée, s'exprime avec un accent parisien assez crevant, comme on disait à l'époque. L'histoire ne vaut pas grand chose, avec sa fin mélodramatique, symbolique d'ailleurs, puisque Louise brooks ne retrouvera plus le haut de l'affiche, la mise en scène est faible et Louise n'a rien à faire. Il parait que la version muette est bien meilleure. Ce n'est pas bien difficile.



28/10/2010
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