Pas de densité, pas d'empathie (L'homme qui voulait vivre sa vie)

Il parait que Douglas Kennedy, l'auteur de L'homme qui voulait vivre sa vie, est pleinement satisfait de l'adaptation réalisée par Eric Lartigau. Ah, bon ? Il est douteux que les lecteurs du roman soient, pour la majorité, du même avis. Que l'action ne se déroule plus aux Etats-Unis, mais dans la vieille Europe, n'est pas en soi un problème. C'est l'esprit qui n'y est pas de même que la crédibilité de cette histoire qui aurait pu s'intituler "L'homme qui a changé de vie parce qu'il n'avait guère le choix, le pauvre."
Deux parties distinctes : la française, popote, aligne les clichés sans conviction sur l'existence aisée d'un type qui n'a pas réalisé ses rêves et voit son couple battre sérieusement de l'aile. Deneuve et Foïs font de la figuration intelligente, on attend la suite. La partie monténégrine commence sous de meilleurs auspices, le film se fait plus rugueux, Arestrup apporte enfin une vraie épaisseur. Las, il ne fait que passer et voici le thriller qui reprend le dessus sur la psychologie. A partir de là, avec la fuite éperdue du héros, c'est du grand n'importe quoi jusqu'à la fin la plus abrupte et ridicule qu'on puisse voir cette année au cinéma.
Tout le film est centré sur le personnage de Duris, qui ne livre pas la composition du siècle, sans démériter non plus, soyons juste. Mais le sujet n'est pas traité, toute l'analyse existentielle qui donnait du sens au livre, a disparu, comme aspirée par un vague suspense, dont on se désintéresse assez vite. Cet homme, auquel tout un chacun aurait pu s'identifier (qui n'a pas rêvé de changer de vie ?), indiffère en définitive. Aucune densité dans la construction du personnage, pas d'empathie pour lui. Dommage.



06/11/2010
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