Pour esthètes dévots (Amore)

La mise en scène d'Amore n'est pas seulement voyante, elle est ostentatoire. Que Luca Guadagnino ne s'étonne pas si on l'accuse de maniérisme, lui qui semble vouloir se prendre pour Visconti, Ophüls et Sirk, à la fois. Un peu beaucoup pour un seul homme. Reconnaissons que la lumière qui éclaire son film, tour à tour blonde, bleue et grise, et que ses travellings verticaux à l'assaut des immeubles milanais ont de la gueule. Sauf que l'on se demande si cette esthétique forcenée a un réel intérêt, au vu du scénario,.
Io sono l'Amore dit le titre original. Je suis l'amour, rien que cela, la grandiloquence ne fait pas peur au cinéaste. Promesse non tenue car l'idylle entre cette dame du grand monde et un petit cuisinier, ça vous rappelle vaguement Lady Chatterley ?, n'est pas d'une originalité folle, qui plus est traitée de façon froide. Quant à l'aspect social, la description de cette dynastie d'industriels destinée à disparaître du fait de la mondialisation, il n'est que survolé, et de très haut. On est bien loin du Guépard ou des Damnés.
Et Tilda Swinton dans tout cela ? Parfaite, bien sûr, mais ceux qui ont vu le méconnu Julia d'Erik Zonca savent qu'elle est capable de performances autrement plus passionnées. Les comédiens qui l'entourent ne font d'ailleurs pas d'étincelles écrasés, qu'ils sont par cette mise en scène d'opéra.
Amore est un film idéal pour les esthètes dévots. Ce n'est déjà pas si mal, mais pas davantage.



24/09/2010
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