Dickens et les aborigènes (Désirer)

Deux histoires composent Désirer et le lien entre les deux est plutôt vague. D'un côté, la Terre de Van Diemen (Tasmanie), aux alentours de 1830, de l'autre, Londres, une vingtaine d'années plus tard. Dans la première, c'est la colonisation anglaise et le quasi génocide des aborigènes qui intéresse l'auteur, Richard Flanagan ; de la seconde, Dickens est le personnage principal, en plein triomphe, et qui va trouver une nouvelle jeunesse en se produisant sur scène et en séduisant une actrice. Flanagan passe d'un récit à l'autre sans transition à de nombreuses reprises, procédé assez fréquent dans la littérature d'aujourd'hui, mais qui ici est assez perturbant car paraissant gratuit.
Au fond, c'est à une critique sans concession du colonialisme et surtout à ce sentiment si "naturel" au XIXe siècle de la supériorité de la race blanche sur les autres que se livre Flanagan. Seulement, il le fait avec ironie en écrivant une sorte de pastiche de roman victorien, assez inégal dans son intérêt. L'écrivain australien nie avoir voulu livrer un roman historique. C'est pourtant là l'aspect le plus passionnant du livre, cette fiction qui se tisse à partir d'évènements avérés : les expéditions arctiques de John Franklin, une partie méconnue de la vie de Dickens et ses motifs d'inspiration, le portrait d'une jeune aborigène que l'on veut éduquer comme une anglaise.
Ce roman qui raconte le racisme, l'humiliation et la violence envers les "races inférieures" comme allant de soi, dans la société britannique du XIXe siècle, reste à distance du lecteur. Dommage, on aurait aimé aimer davantage.



23/09/2010
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