Encore des films à La Rochelle (4)

Episode 3 : Rohmer au sprint devant Garbo

Jusqu'alors tout allait bien. Mer d'huile, soleil caressant, trois nouvelles amies ...


Et soudain, c'est le drame ! Un inexplicable coup de moins bien, vers les 18 heures, pendant la projection d'un film russe. Absence d'attention puis somnolence. Le super festivalier rend les armes, il verra bien 5 films dans la journée, mais y laissera quelques plumes.

Flashback. 11 heures : douche, petit-déjeuner, Sud-Ouest/Libé/L'Equipe, encore un café. Première séance : La rue sans joie de Pabst (1925), en ciné-concert, précédée de 9 minutes 50 de La femme divine (1928), soit tout ce qui reste du film de Victor Sjöström. Garbo y est sublime, radieuse, riant aux éclats, amoureuse ... Retrouvera t-on, un jour, l'intégralité de ce film ? En comparaison, La rue sans joie est mou du genou, laborieux, avec ses riches dépravés et ses pauvres démunis. Garbo est assez médiocre dans cette oeuvre outrée et décousue.
Déjeuner : salade de thon, crumble et coca. La gastronomie attendra. Dans la queue qui se forme en début d'après-midi, je me livre à mon sport favori : m'insérer dans les conversations des festivaliers, leur conseiller certains films (tous les Kazan, en particulier le lyrique La fièvre dans le sang)..., faire en sorte de dynamiter leurs plans pré-établis.

14 heures 30 : Ma nuit chez Maud (1969) de Rohmer. Je ne suis point un grand rohmérien mais là, je m'incline. Ces jeux de l'amour et du hasard, placés sous le signe de Pascal, sont un délice. Les dialogues sont enlevés, spirituels, brillants (du Woody Allen avant la lettre) et JL Trintignant est faramineux aux côtés de MC Barrault et F Fabian. Mon Rohmer préféré, du coup, et de loin.


Le temps d'acheter un sandwich au chèvre et re-queue. 17h30 : Soldat de papier de Alexei German (2008), le film russe plombant, dont il est question plus haut. Du Tchekhov décalé avec des petites histoires sans intérêt dans la grande (la saga des spoutniks avec Gagarine) : une vraie purge (soviétique). Sorti fin 2008 en Russie, le film ne sera pas diffusé chez nous. Aucun regret à avoir. N'empêche, dormir un peu m'a requinqué pour le reste du programme.

20 heures : très peu de monde pour Le signe du lion (1959), le premier long-métrage de Rohmer. Dommage, j'ai beaucoup aimé ce film très Nouvelle vague qui décrit la déchéance d'un américain à Paris, avec une vitalité et un humour constants. On y voit les noceurs de St Germain des Prés, des clochards célestes, le Paris de juillet (presque Paris-Plage) et quelques clins d'oeil avec les apparitions fugitives de JL Godard, Marina Vlady et Stéphane Audran. Décidemment, les premiers films des maîtres de la Nouvelle Vague sont magistraux : A bout de souffle, Le beau Serge, Les 400 coups, Le signe du lion ..


Le temps de me rafraîchir à l'hôtel, de draguer l'hôtesse d'accueil (rires) et hop, je suis en piste à 22 heures pour The man beyond the bridge (2009), d'un dénommé Lexmikart Shatgaonkar, soit un nouvel échantillon du jeune cinéma indien. Très beau film, d'ailleurs, d'une grande douceur et beauté, qui conte l'histoire d'amour interdit d'un garde forestier et d'une jeune sauvageonne. Au passage, le réalisateur y parle fanatisme religieux, exclusion, écologie. De plus, c'est magnifiquement filmé. Ce nouveau cinéma indien, à l'image de son homologue de Malaisie, présenté l'an dernier à La Rochelle, n'a aucune chance d'arriver dans le circuit commercial français, ni même en DVD. Restent les festivals pour découvrir des cinématographies ignorées.


C'est tout pour aujourd'hui. Demain, pédale douce avec deux films seulement (petit joueur !) dont le nouveau Xavier Dolan.

See you, lecteurs.



06/07/2010
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