La forêt des sentiments (L'arbre)
Depuis qu'Otar est parti, son premier film, date de 2003. Julie Bertucelli, qui a perdu son compagnon entre temps, revient enfin avec une nouvelle oeuvre, tournée de nouveau loin de la France. L'arbre est une histoire australienne mais sa résonnance est universelle. Comme dans Otar, la nature y est omniprésente, apaisante et menaçante à la fois, vivante, en tous cas. On retrouve le style délicat, sensible et nuancé de Julie Bertucelli, son amour pour le genre humain, failles comprises. L'arbre est moins un film sur le deuil que sur la reconstruction d'une famille ("choisir d'être heureux plutôt que malheureux") et des rapports entre une mère et ses enfants, sa fille de 8 ans, en particulier, à la maturité stupéfiante. La cinéaste a une façon sereine de filmer les conflits en gestation, elle procède par petites touches, ce qui a pour effet de rendre le film languissant dans sa première partie, beaucoup plus convaincant ensuite. Julie Bertucelli est une magnifique directrice d'acteurs, Charlotte Gainsbourg a rarement été aussi bonne et la petite fille est incarnée de manière époustouflante. Cet arbre ne cache pas la forêt des sentiments.
