Moisson de vieux films (Octobre/1)


Model Shop (Jacques Demy, 1969)
24 heures dans la vie d'un jeune homme désoeuvré. Un Demy loin des Parapluies et des Demoiselles, pas enchanté mais désenchanté. La vision désincarnée d'une ville, L.A, une rencontre de hasard, la Lola (Anouk Aimée) de son premier film, 8 ans plus tard, solitaire et blessée. Sur fond de nouvelles du Vietnam, de communautés hippies et d'ambiance psychédélique, Demy compose un mélodrame discret, aux couleurs éclatantes qui contrastent avec le gris des existences de ses personnages. Sans doute pas le film le plus séduisant du grand Jacques, avec son absence d'éléments dramatiques et sa lourde tristesse, mais un charme prégnant qui laisse une trace mélancolique et secrète.

Singapour (Singapore, John Brahm, 1947)
Aimez-vous Brahm ? Oui, quand il tourne une poignée de films noirs, modèles déposés (Le médaillon), lui qui vient de l'école expressionniste allemande. Beaucoup moins, lorsqu'il s'attaque au genre exotico-romantico-fumeux tel ce Singapour à l'improbable scénario flanqué d'un dénouement sous forme de happy-end ridicule. Au côté d'un Fred McMurray aussi expressif qu'un poulpe, Ava Gardner, au summum de sa beauté, éblouit. C'est une consolation.

Le repas des fauves (Christian-Jaque, 1964)
Sous l'Occupation, sept amis se retrouvent réunis pour un repas d'anniversaire. Deux officiers allemands sont abattus sous leurs fenêtres. Un capitaine de la Gestapo demande aux invités de désigner eux-mêmes deux d'entre eux comme otages.
Un huis-clos pendant lequel les masques tombent et où les rancoeurs et la peur révèlent la bassesse des uns et des autres, qu'ils soient collaborateurs ou faux résistants. Le film doit tout aux dialogues de Henri Jeanson, acérés et cruels au possible, qui transforment le psychodrame en comédie de moeurs impitoyable. Grand numéro de Francis Blanche, Claude Rich et Claude Nicot.

La nuit fantastique (Marcel L'Herbier, 1942)
Considéré comme l'un des meilleurs films français tournés sous l'occupation. Réputation un peu exagérée malgré une qualité d'écriture indéniable, un climat onirique plutôt convaincants et des effets spéciaux artisanaux, comme autant de clins d'oeil à Méliès. Les dialogues sont souvent savoureux et spirituels, sortant de la bouche de comédiens de première classe : Fernand Gravey, Micheline Presle, Bernard Blier et l'inénarrable Saturnin Fabre.


L'arte di arrangiarsi (Luigi Zampa, 1954)
L'art de se débrouiller : tout un programme. Portrait d'un sicilien opportuniste, lâche et escroc, à travers 40 ans d'histoire italienne. Notre homme fut social-démocrate, fasciste, communiste, démocrate chrétien, avant de connaître la prison. Pour jouer un tel rôle, il fallait au moins l'envergure d'un Alberto Sordi, génial, mais c'est un pléonasme. Le film, lui, n'est pas aussi méchant que ceux de Risi, et moins engagé que ceux de Lattuada ou Rosi. A l'image, de son metteur en scène, Zampa, scénariste au temps de Mussolini, contempteur du fascisme après la guerre, la verve des grands réalisateurs italiens contemporains en moins.



13/10/2010
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