Au pair en Allemagne (Une année étrangère)
Il n'y a pas besoin d'avoir été
jeune fille au pair en Allemagne pour apprécier les
pleins et déliés de l'écriture de Brigitte Giraud dans Une année étrangère. Avec son côté Lost in translation du
début qui n'est rien à côté des fêlures qui apparaissent au fur et à
mesure des pages qui passent comme des jours insipides et qui
(re)construisent la personnalité de cette jeune femme. Le parallèle
entre la vie quotidienne de la famille allemande et de sa propre
famille française, toutes les deux bancales, est le ressort
psychologique qui fait avancer le livre à petits pas. Sans avoir l'air
d'y toucher, Brigitte Giraud fouille au plus profond des sentiments
jusqu'à cette scène terrible et trouble (avec le père allemand) qui
sonne comme une révolte et une renaissance. Le style fait parfois penser à Anne Wiazemsky (c'est un compliment). Enfin, il y a la "bande
son" du livre, les Clash de London Calling, The Cure..., qui émeuvent
comme une madeleine proustienne (pour ceux qui ont eu 20 ans à l'orée des années 80).