Cinéphile doux

Actrice de cinéma et de théâtre, chanteuse, Lioudmila Gourtchenko, décédée le 30 mars 2011 à son domicile de Moscou, était une véritable star en Russie, depuis de nombreuses années. Elle est née le 12 novembre 1935 à Kharkov, en Ukraine, et obtient son premier grand rôle à l'âge de 21 ans dans La nuit de carnaval (Riazanov). Très populaire dès ses débuts, elle connait une éclipse certaine durant les années 60 et revient sur le devant de la scène avec Vingt jours de guerre (Guerman), Cinq soirées (Mikhalkov), Sibériade (Kontchalovski), La bien-aimée de Gavrilov (Todorovski)... Elle enchaînera alors les tournages et co-réalisera son premier film en 2009, Crépuscules multicolores, qui sera finalement sa dernière apparition au cinéma.

Marsha Hunt (Marcia Virginia Hunt) est née le 17 octobre 1917 à Chicago. Très jeune, elle intègre une école d'arts dramatiques et tourne son premier film en 1935, The Virginia Judge. Dans les 15 ans qui suivent, elle apparait dans une cinquantaine de films. On la voit notamment dans La vie facile (Leisen), L'appel des ailes et Sept amoureuses (Borzage), les oubliés (LeRoy), Parade aux étoiles (Sidney), L'assassin au gant de velours (Zinemann), The Affairs of Martha et Une lettre pour Evie (Dassin), Marché de brutes (Mann) etc. Très attachée aux idées libérales, Marsha Hunt est blacklistée en 1949 et ne tourne que dans trois films jusqu'à 1957, dont La cité disparue (Hathaway). En 1960, elle part en semi-retraite, se contentant de petits rôles au cinéma, à la télévision et sur scène. En 1971, elle de l'aventure de Johnny s'en va-t-en guerre de Dalton Trumbo, autre victime du maccarthysme. Toujours très active au sein d'associations caritatives, Marsha Hunt vit en Californie.

Ruth Leuwerik est née le 23 avril 1924 à Essen. Dactylo puis ouvrière dans une usine d'armement à la fin de la guerre, elle économise pour suivre des cours de théâtre. Elle débute sur les planches à Brême, en 1947, jouant Shakespeare et Pirandello. Ses débuts au cinéma datent de 1950. Cantonnée aux drames sentimentaux et aux comédies musicales, elle tourne avec Robert Siodmak (Dorothea Angermann), Rolf Thiele et, surtout, Helmut Käutner. Son Louis II de Bavière en 1955 puis La famille Trapp (version originale de La mélodie du bonheur) réalisé par Wolfgang Liebeneiner, lui valent d'être surnommée la "Deborah Kerr allemande." Elle est alors une très grande vedette dans son pays. Mais, faute de rôles consistants, son étoile pâlit rapidement et, à partir des années 60, elle se fait très discrète au cinéma, avec un dernier rôle en 1977. Elle est un peu plus active à la télévision, et on la voit notamment dans des épisodes de Derrick. Sa dernière apparition sur le petit écran remonte à 1983 et elle vit retirée depuis lors.

Tatiana (Evguenievna) Samoïlova est née le 4 mai 1934 à Leningrad. Fille d'un acteur, elle est formée à la danse mais s'oriente vite vers la comédie. Après un premier film, en 1955, elle triomphe dans Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov, Palme d'or à Cannes, un rôle pour lequel elle obtient une mention spéciale. Elle tourne à nouveau pour son metteur en scène dans La lettre inachevée, puis pour des réalisateurs hongrois ou italiens : Ils sont partis à l'est (de Santis). Sollicitée par Hollywood, elle ne pourra jamais partir et elle disparait peu à peu des écrans sous l'ère Brejnev, avec pour seul rôle marquant celui d'Anna Karénine, dans un film de 1967. Entre 1975 et 2000, elle ne se consacre qu'au théâtre et à sa vie personnelle. Ces dernières années, elle est revenue au cinéma de façon ponctuelle, notamment dans Loin de Sunset Boulevard, d'Igor Minaiev. En 2008, elle est retournée à Cannes pour le cinquantenaire de la Palme d'or. Elle vit aujourd'hui à Moscou.

Isabel Sarli est née Hilda Isabel Gorrindo Sarli, le 9 juillet 1935, à Concordia, dans la province d'Entre Rios. Modèle, elle gagne le concours de Miss Argentine en 1956 et est alors remarquée par le producteur/réalisateur Armando Bo. Elle va devenir sa femme, sa muse et l'actrice principale de ses films qui marquent l'émergence du cinéma érotique en Argentine. Elle tourne El trueno entre las hojas en 1958 où elle apparaît intégralement nue. Elle devient immédiatement le symbole sexuel de sa génération et conquiert une énorme notoriété dans toute l'Amérique latine et jusqu'au Japon et en Russie. Elle apparait dans une vingtaine de films de son époux, aux titres explicites : Et le démon créa les hommes (réponse au film de Vadim), Luxure tropicale, La déesse impure, La tentation nue, Feu, Nue dans le sable, Extase tropicale etc. Elle fait tout de même une "infidélité" à Armando Bo en tournant Soixante-dix fois sept (1962) pour le plus grand réalisateur argentin de l'époque, Leopoldo Torre Nilsson. A la mort de son pygmalion, en 1981, Isabel Sarli se retire un long moment des écrans. Elle revient au cinéma en 1996, sous la direction de Jorge Polaco et a depuis tourné quatre autres films dont Mis dias con Gloria (2010), avec sa propre fille, Isabelita Sarli. L'été dernier, le Lincoln Center de New York a conscré un festival/hommage avec plusieurs de ses films, représentatifs du "cinéma kitsch" des années 60/70.