Auto-dérision suisse (Un autre homme)
Lionel Baier se moque joliment des cinéastes et des critiques français dans Un autre homme. Et ce, tout en réalisant un film d'auteur nombriliste et vaguement provocateur qui tombe pile dans la catégorie des oeuvres qu'il semble lui-même pourfendre. Inconscience ? Plutôt auto-dérision, de la part de ce metteur en scène suisse qui poursuit dans la voie de Comme des voleurs, ici dans un noir et blanc de toute beauté. C'est un cinéma sans péripéties, ou presque, (faussement) hésitant et nonchalant qui rappelle quelque peu ses aînés helvètes tels Tanner ou Soutter. Singuliers et atypiques, ses films ont un côté "poseur" qui en agacera plus d'un, mais sa démarche, plutôt déroutante dans le fond et la forme, a le mérite d'être sinon passionnante du moins digne d'intérêt et guère formatée.