Dans une impasse (Route Irish)
Loach est toujours un cinéaste en colère et
engagé, c'est un fait, mais il peut lui arriver de livrer un film moyen,
disons pas terrible, et Road Irish appartient à cette catégorie. La
sale guerre d'Irak est la toile de fond de son film, ça ne se discute
pas, mais presque utilisée comme un prétexte pour un thriller classique
dont la vengeance, le dégoût et la quête de vérité (quand même), sont
les carburants. Cela donne un film d'une noirceur intégrale, sans
émotion, et dont les personnages manquent paradoxalement de chair. L'un
des problèmes de Route Irish est de venir après une flopée de fictions
consacrées à cette putain de guerre et Loach n'apporte rien de neuf et
se singularise même par un traitement hors cadre puisque centré sur ses
effets collatéraux, quelque part du côté de Liverpool. L'aspect social
est effleuré, les dialogues sont hachés avec des phrases où les
"fuckin'" abondent, les rapports humains sont régis par une violence
sourde, bref c'est du Loach sans humanité, efficace certes, un point
c'est tout. Route Irish débouche sur une impasse narrative dont les
dernières images, d'une radicalité extrême, sont assez désespérantes. Ce
n'est pas encore Looking for Ken, faut pas pousser, mais on l'a un peu
perdu, là, notre ami britannique.