De la sonate au requiem (Never let me go)

Le roman de Kazuo Ishiguro était un conte fantastique, éthique, au ton singulier, voire glacial, pour certains. Son adaptation, signée Alex Garland, est fidèle à son esprit, moins chargée de mystère, malgré tout, et portée vers le drame romantique, dans sa dernière partie, sans qu'il soit utile de parler de trahison. Never let me go est un film à la beauté morbide, mis en scène avec élégance et fluidité par Mark Romanek, avec de superbes images de nature et cette histoire de jeunes gens condamnés, dépourvus de libre arbitre, sans volonté de rébellion. Mort est un mot qui n'est jamais prononcé dans le film, alors que sa présence est écrasante, inéluctable à très brève échéance. Ce fatalisme, d'une douceur insupportable, est symbolisé par trois personnages principaux, incarnés de façon parfaite par des acteurs à l'unisson parmi lesquels Carey Mulligan, une fois encore éblouissante et, ici, bouleversante. Le film ne touchera pas chacun de la même façon, c'est une évidence, et d'aucuns s'y ennuieront sans doute. Qu'importe. La poésie sombre de cette sonate à la tristesse insoluble devient un requiem apaisé auquel ne peut succéder que le silence. Celui des agneaux.



03/03/2011
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