Déracinés et exilés (Les pieds sales)
Qui sont donc Les pieds sales du roman de Edem Awumey ? Des déracinés, des exilés, des fantômes d'hommes et de femmes qui ont marché, marché, pour parvenir à leur destination provisoire. Awumey les décrit comme des spectres, hantés par leur mémoire, avec des souvenirs violents qui reviennent par bribes. L'écrivain togolais/québécois (ou l'inverse) sait de quoi il parle mais il n'a pas vocation à verser dans le mélodrame. Son registre, c'est celui du réalisme, phrases sèches et courtes, sans fioritures, teinté d'onirisme et de poésie qui renvoient à une enfance africaine, heureuse et misérable à la fois. Awumey orchestre la rencontre entre Askia, l'africain, et Olia, la bulgare, dans un Paris hostile et mystérieux, tout sauf un havre de paix. Les pieds sales sont condamnés à marcher encore et toujours, ou à mourir.