Guerre et amour (La Princesse de Montpensier)

Une pompe excessive ou alors une modernité malvenue : tout film historique s'efforce de déjouer ces écueils, en essayant de retrouvant l'esprit et la lettre d'une époque. Tavernier n'est pas un néophyte en la matière : parmi ses oeuvres les plus achevées figurent, entre autres; La vie et rien d'autre, Que la fête commence et, surtout, La passion Béatrice, splendeur méconnue.
La Princesse de Montpensier est une nouvelle de Mme de La Fayette qui n'atteint pas les 20 pages. Un canevas sur lequel s'appuie un scénario ambitieux où guerre et amour se provoquent en duel dans un des moments les plus confus de l'histoire de France. Grâce soit rendue au film, qui rend lisible cette période agitée de guerre religieuse et civile, dont le point culminant sera atteint dans la célèbre nuit de la Saint-Barthélémy qui clôt pratiquement le film.
Marie, Princesse de Montpensier, est au centre d'un combat entre trois coqs et un vieux lion blessé. Tavernier excelle à montrer la fougue et la passion d'une jeunesse ivre de sang et d'étreintes à travers des dialogues acérés comme des dagues, d'où l'humour n'est pas absent. L'interprétation se devait d'être à la hauteur : elle l'est ! Lambert Wilson en tête et, un ton en dessous, Gaspard Ulliel et Mélanie Thierry. Une déception tout de même : Grégoire Leprince-Ringuet, fluet et sans charisme, qui n'est pas le rôle. Et une révélation : Raphaël Personnaz, savoureux et onctueux dans le rôle du futur Henri III.
La mise en scène est d'un classicisme rigoureux, parfaitement adaptée à son sujet, et s'évade de temps à autres dans les grands espaces pour suivre le galop d'un cheval (Tavernier n'est pas amateur de westerns pour rien). Une parenthèse entre les affrontements guerriers (pas le meilleur du film) et le ballet amoureux pour conquérir les yeux de biche d'une princesse, femme libérée sous le corset des conventions. Un beau portrait de groupe avec dame, au sein de la grande histoire, plein de bruit et de fureur, et, somme toute, intemporel, dès lors que les élans du coeur l'emportent sur la raison.



07/11/2010
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