Idéologues en culottes courtes (Le temps matériel)

Trois jeunes garçons qui, en cette année 1978, vont à leur façon copier l'action des Brigades rouges. Plus parabolique que réaliste, le point de départ du roman de Giorgio Vasta interpelle quelque part. Mais où ? L'auteur épouse intimement les pensées, puis les actes, de ces siciliens en culottes courtes, qui vont devenir des délinquants révolutionnaires et nihilistes. Leur discours tient de l'idéologie, l'action qui en découle leur est toute naturelle et qu'importe si des "innocents" en paient le prix. Giorgio Vasta écrit dans une langue imagée, d'une grande richesse stylistique, et maîtrise son récit du début à la fin. Pas étonnant qu'il soit devenu un roman culte en Italie, alors même que le pays entier semble en pleine catharsis vis-à-vis de ces années de plomb. Le seul hic, de taille, est l'âge des héros du livre : 11 ans ! Vasta leur prête des raisonnements et des sentiments qui sont ceux d'adultes, et encore, d'hommes capables de comprendre le discours politique des Brigades rouges. Il met dans leur bouche des mots savants, leur fait échafauder des théories travaillées au corps, les fait passer à l'action directe. C'est là où se situe le malaise, dans cette rhétorique appliquée à des enfants, qui passe mal, même si l'on prend le parti d'accepter qu'il s'agit d'une fable cruelle et symbolique. Et si, d'emblée, on n'adhère pas à la méthode de Vasta, il est impossible de se passionner pour ce roman au goût métallique, bel édifice que l'on a le droit de rejeter sans autre forme de procès.



28/12/2010
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