Incarnations passées et futures (Oncle Boonmee)
Palme d'Or ou Palme qui endort ? La fracture est
nette entre ceux qui portent Oncle Boonmee aux nues et ceux qui le qualifient,
pour résumer, de brouet inepte. Et pourquoi ne pas emprunter une troisième voie, celle de ceux qui ont aimé, parfois, ne se sont pas ennuyés, mais ont trouvé que le film était inégal. Il est bon de préciser avant toute chose qu'il s'agit du film le plus accessible
d'Apichatpong Weerasethakul, comparé à Blissfully yours, Tropical malady
ou Syndrome and a century. La preuve, c'est qu'on peut le résumer
(un homme va mourir. Il voit ses incarnations passées et futures). Ce
film est une sorte de trip, mais doux, rien à voir
avec Enter the void (trip halluciné), Film Socialisme (trip barré) ou les
trips de Caen. Tout fonctionne plutôt bien dans la première partie avec
l'apparition progressive des êtres aimés et disparus d'Oncle Boonmee autour de la table pour une conversation qui ne
manque pas d'intérêt et on a le bonheur de tout comprendre (si, si). La plus belle scène
vient un peu plus tard avec la rencontre d'une princesse et d'un
poisson-chat. Magnifique. La suite est plus confuse et il n'est pas interdit de décrocher avant les scènes finales, certes
énigmatiques, mais qui surprennent
agréablement par leur réalisme (c'est contradictoire, et alors ?) et un
certain humour (sic). Moyennant quoi, à la question, Palme d'Or ou Palme qui endort ?, il est tout à fait possible de répondre : ni l'un ni l'autre, faites-vous votre propre religion. C'est lâche ? Non, honnête.