Justice et compromissions (La révélation)
La révélation est un véritable thriller, tendu en permanence à l'extrême. Mais pas dans n'importe quel contexte. Le scénario s'insinue dans les arcanes du Tribunal Pénal International de La Haye et dans la partie serbe de la Bosnie d'aujourd'hui pour aborder un sujet brûlant : comment juger les criminels de guerre de l'ex-Yougoslavie tout en ménageant la chèvre et le chou des politiques européennes et onusiennes ? Vaste sujet, que Hans-Christian Schmid traite sans compromission, pointant les dysfonctionnements de l'institution et les petits arrangements entre ennemis pour ne pas contrarier les enjeux géo-stratégiques. La révélation est un film passionnant comme un documentaire qui montre sans donner de leçons. Et puis, il y a l'aspect humain, tout aussi important dans l'histoire, incarné par deux femmes courageuses et naïves (la procureure et la victime) qui risquent jusqu'à leur existence pour que justice soit faite. Les actrices qui les incarnent sont bouleversantes : Kerry Fox et Anamaria Marinca (déjà extraordinaire dans 4 mois, 3 semaines, 2 jours). A l'issue de la projection de La révélation, on est partagé entre deux sentiments : une justice tellement partielle, tellement partiale, eu égard aux atrocités commises, a t-elle une quelconque valeur ? Ou bien doit-on se réjouir que ces crimes, même assortis d'une sentence bien trop légère, n'ont pas pu échapper à la justice des hommes. Insoluble dilemme.