L'éveil des sens (Un poison violent)
La Bretagne que décrit Katell Quillévéré dans son premier film, Un poison violent, est sans nul doute celle de son enfance. Tout y sonne juste, sans excès de zèle, notamment cette religiosité un rien poisseuse des principaux personnages, dissimulant de sourdes impulsions, ce désir des sens interdit. Le film possède un tempo lent et obsédant, suivant les pas d'une jeune fille de 14 ans (belle interprétation de Clara Augarde) en plein questionnement dans ses engagements, et désarroi quant à ses pulsions. Très beau portrait, tracé à coups de pinceaux délicats et parfois brusques, dans un environnement familial étouffant (Lio, la mère, excellente) où la figure du grand-père libidineux (Galabru, parfait) est comme une bouffée d'air frais. D'un thème si souvent traité au cinéma, la traversée de l'adolescence et l'éveil des sens, Katell Quillévéré, 30 ans seulement, tire une oeuvre personnelle et charnelle. Prix Jean Vigo 2010 oh combien mérité.