La nostalgie des années des possibles (Quartier lointain)
Le charme du manga de Taniguchi tenait en grande
partie à son ancrage dans un Japon d'hier et, par conséquent, au côté
étrange et "exotique" que l'on pouvait y trouver. Du coup, une
transposition, plutôt qu'adaptation, dans la France de l'après-guerre,
semblait pour le moins incongrue (blasphématoire ?). C'était le
sentiment au départ, avec la curiosité de savoir ce que cela pourrait
bien donner. L'erreur étant d'oublier l'essentiel, le thème de Quartier
lointain est intemporel : revivre sa pré-adolescence, aborder la fille
dont on était secrètement amoureux, empêcher son père de disparaître à
jamais, bref, changer l'histoire, sa propre histoire et celle de ses
proches. Le film est étonnamment fidèle à Taniguchi, dans son déroulé
comme dans son esprit, il évoque la nostalgie du passé, ces années des
possibles, avec une réelle sensibilité. C'est un joli film assez doux,
poétique sans mièvrerie, qui ne cherche pas à impressionner la galerie.
Les jeunes acteurs sont parfaits, les adultes moins convaincants, Pascal
Greggory, notamment, à côté du rôle, trop âgé et statique.