Le calvaire de Nankin (City of life and death)
Comme toute grande fresque épique, City of Life
and Death alterne moments forts (scènes de combat, exécutions sommaires)
et scènes intimistes, pendant lesquelles émergent trois personnages :
un officier japonais, un bon samaritain nazi (!), une jeune chinoise.
Ville assiégée, vaincue, humiliée, "nettoyée", Nankin, alors capitale de
la Chine, fut en 1937 le théâtre d'actes de barbarie sans nom, de
massacres massifs et de viols collectifs. Le film ne tait rien de ces
faits avérés, mais n'en rajoute pas dans l'horreur. Accusé par les uns
de propagande, vilipendé par les autres pour avoir montré des soldats
japonais horrifiés par leurs propres exactions, City of Life and Death
ne pouvait que provoquer la polémique. Tant mieux, c'est aussi la
qualité des grandes oeuvres avec un point de vue (plusieurs en
l'occurrence) que de ne pas faire l'unanimité. Avec son noir et blanc
sublime, ses combats dignes d'un Samuel Fuller, son décor désolé de
ruines fumantes, le film est un des plus forts qu'on ait pu voir cette
année.