Le rêveur et la noctambule (Dream)
Le cinéma de Kim Ki-duk ne plait pas à tout le monde. Et ce n'est pas avec Dream que cela va s'arranger, bien au contraire. Cette histoire tarabiscotée d'un rêveur et d'une somnambule qui se croisent en songe, puis dans la réalité, donne une intrigue
tordue comme Kim les affectionne et pour laquelle il est recommandé de
laisser son esprit cartésien au vestiaire. Ce cauchemar, où le réel
s'estompe peu à peu (ou peut-être pas), le cinéaste le traite de façon
troublante poussant ses feux jusqu'à l'irréparable, aux confins de la
folie. C'est toujours sur le fil du rasoir, au risque de tomber dans le
ridicule, mais le réalisateur connait son affaire et les codes du
fantastique. Fasciné, manipulé, hébété, le spectateur (celui qui est consentant, s'entend) ne peut que
demander grâce. Et justement, la grâce, le film l'atteint, dans ses
derniers instants. Kim Ki-duk est complètement dingue, c'est la seule certitude que l'on peut retirer de la vision de Dream.