Le soleil de l'enfant de la lune (La permission de minuit)
La permission de minuit n'est pas un film sur un
adolescent "enfant de la lune", qui ne peut voir la lumière du jour. Ce
n'est pas non plus le portrait d'un médecin qui s'est spécialisé dans
les maladies orphelines. C'est l'histoire de leur relation, tissée au
fil des années, amicale ou paternelle, comme l'on voudra, et vouée un
jour à s'estomper et à se terminer dans la douleur. Pour traiter ce
sujet dangereux, Delphine Gleize a délibérément choisi la voie de la
pudeur. De façon excessive, peut-être, au prix d'une émotion qui ne se
faufile qu'avec parcimonie dans un récit sobre et délavé. Elle a eu
raison, elle accorde autant d'importance au praticien qu'à son"patient"
et aborde la question de l'impossibilité de guérison, en toute
franchise. Le film n'est pas d'une tristesse insondable, pour autant, il
est dans le réel, autant que faire se peut, avec de petits moments de
grâce volés au temps. Même au arrière plan, les seconds rôles existent
vraiment, spectateurs et témoins bienveillants, dans l'ombre de ce
couple dont le lien est plus fort que la mort. Et que dire de
l'interprétation de Vincent Lindon, si ce n'est qu'on oublie, au bout de
deux minutes, son jeu d'acteur. Il "est" David, médecin et être humain,
soleil de cet enfant de la lune.