Moisson de vieux films (Août/1)

Les filles de Kohlhiesel (Kohlhiesels Töchter, Ernst Lubitsch, 1920)
Aux dires mêmes de Lubitsch : « La Mégère apprivoisée transférée dans les montagnes bavaroises. » Et la plus populaire des comédies qu'il a réalisé en Allemagne. Normal, le film n'a pas le côté grosse farce que l'on trouve dans La chatte des montagnes ou Je n'aurais pas voulu être un garçon, par exemple. Au contraire, il y a déjà un certain degré de sophistication dans les dialogues (enfin, les cartons qui en tiennent lieu) et un comique de situation qui préfigurent sa fameuse "touch". Enorme performance de Henny Porten qui joue les deux soeurs, l'une revêche, l'autre sentimentale.


Tornade (Passion, Allan Dwan, 1954)
Tourné la même année que La reine de la prairie, un western ultra classique et mélodramatique, mû par l'éternel instinct de la vengeance. Un Dwan d'une redoutable efficacité, sans un instant de répit, avec un étonnant final sur un glacier. Quant à Yvonne de Carlo, c'est bien elle la plus belle !

Le Knack (The Knack ... And how to get it, Richard Lester, 1965)
Pas tout à fait un film sur le Swinging London, mais bien imprégné quand même. Il y est bien sûr question de liberté sexuelle mais la relation monogame finit par triompher. Pas si rebelle, en fin de compte. De toutes manières, c'est une farce, comme Help avec les Beatles, tourné la même année par Lester. Un film en roue libre, qui se voulait si neuf qu'il parait aujourd'hui particulièrement démodé. Il y a cependant des trucs amusants comme cette sorte de choeur grec, composé d'anglais ultra conservateurs, qui commente les moeurs dépravées de la jeunesse. D'une certaine façon, c'est un peu de l'esprit des Monty Python, dix ans avant et en beaucoup moins drôle, qui irrigue cette oeuvre dégingandée qui fit impression à l'époque, au point d'obtenir la récompense suprême au Festival de Cannes en 65. En écarquillant les yeux, on peut essayer d'apercevoir, très fugitivement, trois débutantes appelées à faire une belle carrière : Jane Birkin, Charlotte Rampling et Jacqueline Bisset.

Les jeux dangereux (Pierre Chenal, 1958)
Entre Rafles sur la ville et La bête à l'affût, deux solides polars, Chenal tourne Les jeux dangereux, un sujet autour des jeunes délinquants de Montmartre. Le cinéma français de l'époque a pas mal montré ces adolescents désoeuvrés et désocialisés, avec un apitoiement condescendant assez douteux, la plupart du temps. Le film de Chenal, bien que d'une certaine façon naïf et bien-pensant est au-dessus du lot avec cette espèce de tristesse sourde et tendre qui s'en exhale (les midinettes peuvent verser une larme à la fin, ce n'est pas interdit). Le scénario est impeccable, mi-policier, mi sociologique, et l'interprétation des têtes d'affiche itou : Jean Servais, Jean-Roger Caussimon, Judith Magre, Louis Seigner, c'est du solide. C'est aussi l'occasion de voir de très jeunes acteurs dans des petits rôles : Sami Frey, Claude Berri, entre autres. Et puis, exquise cerise sur le gâteau, la fraîcheur d'une actrice de 22 ans, du nom de Pascale Audret. La soeur de Hugues Aufray (sic) a ici parfois un petit air d'Audrey Hepburn, vraiment.


La Paloma (Grosse Freiheit Nr.7, Helmut Käutner, 1944)
Hymne romantique et nostalgique à Hambourg : son port, ses cabarets interlopes, ses marins en bordée, ses filles légères ... Ce Quai des brumes, façon allemande, a été tourné entre 43 et 44 (en partie à Berlin et Prague à cause des bombardements). Situé en un temps indéterminé (prussien ?), ivre de bière et de sentiments, le film est loin de la dialectique nazie. Goebbels le détesta, outré que l'on voit à l'écran "des marins buvant autant." Interdit, le film ne put sortir sur les écrans allemands qu'après la fin de la guerre. C'est un des classiques de Käutner, moins brillant que Le général du diable, Ciel sans étoile ou Le dernier pont, mais plein de vie et de mélancolie.


06/08/2010
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