Moisson de vieux films (Août/2)


Le lâche et le saint (Kapurush o Mahapurush, Satyajit Ray, 1965)
Deux films d'un peu plus d'une heure chacun, qui constituent une sorte de diptyque. Le lâche est une comédie douce/amère où la femme digne s'oppose à l'homme couard. Le saint est un conte satirique qui tourne au burlesque quand un prétendu saint homme se révèle être un vil profiteur. Deux films conçus comme des divertissements, symboliques de l'envie que Ray a toujours eu d'explorer de nouveaux territoires. Et ils sont réussis !

La garde noire (The black watch, John Ford, 1929)
1914 : tandis que son régiment part pour les Flandres, le capitaine King se voit confier une mission secrète aux Indes, afin de calmer quelques séditieux indigènes. Ford n'a tourné que les scènes d'action de ce film médiocre, un metteur en scène de théâtre dirigeant le reste, soit des dialogues pompeux et interminables entre un Victor McLaglen, qui a du mal à brider son tempérament, et une Mirna Loy qui joue une vamp mystique digne du temps du muet. Mieux vaut revoir le remake en couleurs de Henry King, justement intitulé Capitaine King (1953), avec un Tyrone Power du feu de Dieu.

Objectif : 500 millions (Pierre Schoendoerffer, 1965)
L'intrigue policière en elle-même n'est ni originale, ni passionnante, la fille est un peu décorative. C'est l'épaisseur psychologique rarissime dans un film noir qui impressionne. La réunion des anciens d'Algérie, chantant Le diable marche avec nous, met mal à l'aise. Plus que de l'ambigüité dans le portrait de cet ancien putschiste, qui renforce cette impression. Cremer est magistral (paix à son âme). Il y a un sentiment ambivalent concernant le film. Trop de sales trucs en suspens dans l'air, peut-être. Mais chapeau pour le style, parfois Melvillien.

Chuka le redoutable (Chuka, Gordon Douglas, 1967)
Tiens, encore un bon western du méconnu Gordon Douglas. Classique, à première vue, mais c'est un leurre. Un colonel qui n'a plus ses attributs virils (sic), un major qui se tape des petites indiennes en loucedé, un tueur en gages qui devient sentimental, des indiens qu'on laisse mourir de faim ... Et pour couronner le tout, un épouvantable massacre à la fin. Entre Ford et Peckipah, un sacré film qui s'amuse avec les clichés du genre.


La prière du rossignol (Doa al karawan, Henri Barakat, 1959)
Moins connu que Abou-Seif et surtout Chahine, Henri Barakat est l'un des plus brillants représentants du cinéma égyptien classique, tout au long d'une carrière de 55 ans pendant laquelle il a tourné plus d'une centaine de films. La prière du rossignol (l'un des rares disponibles en DVD) est un mélodrame flamboyant, mais pas plus outré qu'un Sirk ou un Borzage. C'est avant tout un reflet de la société égyptienne de l'époque, avec ses castes et ses interdits, et un portrait d'une lucidité effrayante sur la condition des femmes. Le noir et blanc est remarquable et la mise en scène n'a rien à envier aux maîtres américains.



10/08/2010
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