Moisson de vieux films (Décembre/2)


Anna (Jörn Donner, 1970)
Né en 1933, écrivain, acteur, producteur, réalisateur, politicien ..., Jörn Donner est la figure majeure du cinéma finlandais des années 60 et 70, avant l'entrée en scène d'Aki Kaurismäki. Bien qu'il ait signé une petite vingtaine de films, dont la moitié de documentaires, il est plus connu pour avoir été le producteur de Bergman (Fanny et Alexandre). C'est d'ailleurs au cinéaste suédois que l'on pense en voyant Anna, portrait désenchanté d'une femme divorcée à mi-vie. Seule en vacances sur une petite île, avec sa jeune aide ménagère et sa fille, elle ne côtoie qu'un vieil alcoolique, qui lit le Manifeste du parti communiste, et son fils désoeuvré. On boit, on nage dans le plus simple appareil, on flirte, on se dispute, on tire sur les mouettes à la carabine... Rien de bien folichon ni d'excitant dans cette chronique d'un été finlandais.

Tu m'as sauvé la vie (Sacha Guitry, 1951)
Un des moins bons Guitry, du théâtre filmé et rien de plus. Quelques monologues du maître plombent l'atmosphère avant que Fernandel, pourtant sous-employé, ne vienne jouer l'éléphant dans le magasin de porcelaine, avec une décontraction et un aplomb salutaires. Dommage qu'il ait aussi peu de scènes avec Guitry, c'est du nanan quand ils sont ensemble ! Progressivement, le film devient de plus en plus loufoque, ce qui n'est pas une mauvaise idée vu la minceur du sujet.

Nickelodeon (Peter Bogdanovich, 1976)
Excellent réalisateur et grand connaisseur de l'histoire du cinéma, Bogdanovich était parfaitement à sa place pour conter cette période 1910-1915 où fit rage, aux Etats-Unis, la "guerre des brevets" qui opposait studios officiels et indépendants. Il le fait en rendant hommage aux pionniers du 7ème art, dans une aventure loufoque et déjantée, sorte de slapstick moderne. Ryan O'Neal et Burt Reynolds, très complémentaires, s'y illustrent sous les yeux de l'exquise Tatum O'Neal.

La partie (The Party, Blake Edwards, 1968)
Pas revu depuis des lustres (et même davantage). The Party est une recréation brillante de la comédie burlesque chère au cinéma muet. Pas de dialogues drôles, mais un comique de situation subtilement dosé où maladresses et bévues s'enchaînent jusqu'au délire final. La performance de Peter Sellers est inouïe, avec cet accent indien à s'y méprendre, et cette gentillesse naïve qui provoque des catastrophes. Aux dépens d'une classe sociale qui ne vit que d'hypocrisie et de faux-semblants. Sous la comédie hilarante se dissimule une critique de classe qui n'est pas moins piquante. Une sorte de film marxiste (Groucho + Karl), en somme.


Qui chante là-bas ? (Ko to tamo peva, Slobodan Sijan, 1980)
Le 5 avril 1941, à la veille de l’invasion de la Yougoslavie par les troupes allemandes, un bus brinquebalant tente de rallier Belgrade. Parmi les passagers, deux musiciens tziganes, qui ponctuent le récit tel un choeur antique. Ce premier long-métrage de Slobodan Sijan n'est pas pour rien l'un des films yougoslaves les plus populaires. Cette épopée tragi-comique est un road movie parfaitement orchestré où s'affrontent des personnages aux tempéraments opposés, et bien trempés. Certains disent, non sans raison, qu'il est prémonitoire de l'implosion future de la Yougoslavie.






02/01/2011
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