Moisson de vieux films (Février/1)

Chronique d'un homicide (Imputazione di omicidio per uno studente, Mauro Bolognini, 1972).
Resté inédit pendant 35 ans en France, le film est sorti en DVD en 2007. Il le mérite car il montre un Bolognini rare, évoluant sur les terrains politique et policier et, plus classiquement, familial. Le ton est proche de celui d'un Elio Petri (pas au niveau d'un Rosi, tout de même) avec une charge assez féroce sur la collusion entre justice et police durant les "années de plomb". Bolognini s'intéresse principalement au dilemme du juge dont le fils, contestataire, s'oppose à son milieu bourgeois, mais le climat de l'époque est bien davantage qu'un arrière-plan. Une belle réussite de la part d'un réalisateur qu'on n'avait jamais connu aussi engagé.


Rendez-vous à Zürich (Die Zürcher Verlobung, Helmut Käutner, 1957)
Käutner dans un exercice inattendu : la Screwball Comedy (façon Hawks et L'impossible Mr Bébé). Un peu gauche dans ce registre, le réalisateur allemand se lâche complètement ne craignant ni l'excès, ni le kitsch. Au bout du compte, ça passe, avec une charmante Liselotte Pulver, jolie tanagra à la Audrey Hepburn.

La tanière des brigands (Il brigante di tacca del lupo, Pietro Germi, 1952).
Film historique (il raconte les derniers soubresauts contre l'unité italienne), La tanière des brigands est construit et réalisé à la façon d'un western. Pas ou peu de psychologie mais une efficacité certaine pour évoquer cette époque troublée dans une Italie du sud plus vraie que nature. Noir et blanc remarquable. Fellini fait partie des co-scénaristes du film.

L'enfer de la corruption (Force of Evil, Abraham Polonsky, 1948).
Ce n'est pas un film noir comme les autres. Bavard, complexe, politique (on peut y voir une charge anti-capitaliste très violente) et biblique (Abel et Caïn, version malfrats). Paradoxalement, sa richesse est aussi un handicap, dans le sens où l'action est sans cesse réprimée. John Garfield, sec et nerveux, compose un héros tragique dans ce film plus que pessimiste qu'un cinéaste contemporain comme James Gray doit sans doute apprécier.
Juif et communiste, Abraham Polonsky était une cible toute désignée pour le McCarthysme. Il en fut en effet victime, interdit de travailler pendant de longues années avant de tourner deux derniers films en 69 et 71. Une destinée qui ferait un beau scénario de film, noir, évidemment.



Adieu jeunesse (Remember the day, Henry King, 1941).
Lors de la Convention républicaine, une institutrice à la retraite espère apercevoir un de ses anciens élèves, en passe de devenir candidat à la présidence des Etats-Unis. Elle se souvient de 1916, l'année de son premier amour et de cette relation particulière qui la liait à ce jeune garçon.
Adieu jeunesse est un film démodé, sentimental, qui s'adresse à nos coeurs de midinette (j'en suis une). King a tourné des films plus ambitieux mais celui-ci est loin d'être honteux pour lui, avec une belle évocation de l'Indiana juste avant que l'Amérique entre guerre et de l'influence qu'une "maîtresse" peut avoir sur ses élèves. Claudette Colbert, toujours adorable, donne tout son coeur à cette émouvante bluette.


12/02/2010
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