Moisson de vieux films (Janvier/3)


Soir de noces (The wedding night, King Vidor, 1935).
Très grand cinéaste qui sut tracer un sillon personnel à Hollywood, King Vidor n'a pas une postérité à la hauteur de son talent. Pourtant, La foule, Notre pain quotidien, Stella Dallas, Duel au soleil, Le rebelle, La furie du désir, L'homme qui n'a pas d'étoile, Guerre et paix ..., sa filmographie montre une capacité à aborder tous les genres avec un égal bonheur. Soir de noces ne brille certes pas par son scénario (un écrivain en plein désarroi redécouvre l'amour et l'inspiration au contact d'une jeune fille polonaise) mais c'est justement l'art de tirer la quintessence d'un script médiocre qui fait les cinéastes d'exception. Son style fluide et sa mise en scène délicate font merveille dans ce mélodrame. Aux côtés d'un Gary Cooper excellent dans la sobriété, on découvre Anna Austen, actrice d'origine russe censée concurrencer Garbo mais dont les films furent des échecs noirs et la privèrent d'une grande carrière. Dommage, elle avait l'étoffe pour devenir une star.

Et vint le jour de la vengeance (Behold a pale horse, Fred Zinnemann, 1963).
Horrible tortionnaire durant la révolution espagnole, le capitaine Vinolas rêve de supprimer l'ancien chef de résistants espagnols, Manuel, réfugié à Pau. Afin de le faire revenir en Espagne, on lui fait croire que sa mère est mourante et qu'il doit se rendre d'urgence à son chevet...
Ce n'est pas un film d'action, loin de là. L'attente et l'indécision sont le moteur de ce curieux film, politique et clairement engagé. Belle réflexion sur le vieillissement des héros et le pourrissement des idéaux. Distribution magnifique (Peck, Quinn, Sharif) au sein de laquelle, dans des rôles minuscules, on aperçoit Lonsdale, Pellegrin et Berri. Très belle oeuvre pessimiste, en fin de compte, qui est assez méconnue bien que valant largement les films les plus connus de Zinnemann (Le train sifflera trois fois, Tant qu'il y aura des hommes, Chacal). Pour ma part, j'ai une tendresse particulière pour Au risque de se perdre (Audrey Hepburn en nonne) et surtout Les anges marqués, l'un des films les plus poignants sur la libération des camps.

Pour un baiser (Quality Street, 1937, George Stevens).
Comédie romantique dans l'Angleterre corsetée du temps des guerres napoléoniennes. Marivaudage et badinage terriblement désuets et dont l'humour, tout relatif, tombe à plat. La mise en scène est inexistante . Katharine Hepburn, toute en grâce et pétillance, fait ce qu'elle peut pour animer ce cinéma suranné. La même année, Stevens tournait Demoiselles en détresse, d'une toute autre facture.

La bohème (King Vidor, 1926).
Vidor encore, avec un de ses grands films muets. Qui se termine en mélodrame mais dont une très grande partie est d'une gaieté et d'une insouciance folles, rehaussé par des dialogues (ou plutôt des cartons) fort spirituels. Une évocation piquante des milieux artistiques (et fauchés) du Paris de 1830. Lilian Gish y est adorable, magnifique sylphide amoureuse.

Impasse des deux anges (Maurice Tourneur, 1948).
Dernier film de Maurice Tourneur (père de Jacques) et un des premiers rôles importants de Simone Signoret. L'intérêt ne vient pas du scénario, classique et somnolent, mais de l'atmosphère nocturne (un peu de réalisme poétique assombri par un nuage de cynisme) et de la prestance de Paul Meurisse, formidable (comme d'habitude ?).



24/01/2010
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