Moisson de vieux films (Juin/1)


Haines (The lawless, Joseph Losey, 1950)
Faute de moyens, le deuxième film de Losey est une série B, juste avant son départ précipité des Etats-Unis pour cause de McCarthysme. Un film en avance sur son temps, bien actuel par son thème : l'utilisation de la main d'oeuvre mexicaine à bas prix en Californie et le mépris raciste des "vrais" américains pour cette population assimilée à de la vermine. Mouvements de foule, quasi lynchage, Losey exprime avec force sa haine de l'intolérance, comme un écho à celle qu'il va subir dans sa propre existence. Petit film peut-être mais essentiel pour comprendre le cinéaste autant que l'homme.

Une fille dans chaque port (A girl in every port, Howard Hawks, 1928)
Cinquième film de Hawks, l'un de ses derniers muets. Typiquement hawksien avec une amitié virile, des bagarres et une alcoolisation sans modération. Victor McLaglen impose son personnage de grand dadais "Coeur d'or et poings d'acier" (le film est aussi connu sous ce titre) et Louise Brooks, qui n'apparait qu'une vingtaine de minutes, n'en électrise pas moins l'écran. C'est ce rôle qui persuada Pabst de l'engager pour Loulou. La légende était en marche.

France, société anonyme (Alain Corneau, 1973)
"En l'an 2222, un ancien trafiquant de drogue est maintenu en état d'hibernation. Réanimé, il conte son histoire. Leader sur le marché des narcotiques, sa situation était prospère jusqu'à ce que, lors d'un changement politique, le gouvernement en légalise l'usage. Il avait alors rejoint le Front des Toxicomanes Révolutionnaires, constitué de militants pour une « défonce libre » et opposés à ce que les multinationales tirent profit de la vente de drogues." Oui, c'est bien le pitch du premier film de Corneau, une politique fiction anti-capitaliste et libertaire, dans laquelle on trouve quelques thèmes aujourd'hui cruciaux comme l'écologie. Dommage que ce soit aussi foutraque (le mot est faible), le sujet méritait mieux que ce brouet absolument pas comestible.


Jenny femme marquée (Shockproof, Douglas Sirk, 1949)
Avant de devenir le maître du mélo flamboyant, en fin de carrière, Sirk a tourné, entre autres, quelques excellents films noirs (Des filles disparaissent, L'homme aux lunettes d'écaille), au style plus impersonnel mais impeccables et souvent originaux. Jenny femme marquée, qui joue sur les doubles personnalités de ses héros, est habile à brouiller les cartes jusqu'au dénouement, imprévisible. De la belle ouvrage, servie par un Cornel Wilde crédible et surtout une Patricia Knight plus que photogénique qui préféra la tranquillité familiale à une carrière hollywoodienne (seulement 5 films à don actif).

Le fard de Ginza (Ginza Keshô, Mikio Naruse, 1951)
Comment souvent chez Naruse, la première partie du film est dispersée, elliptique, avant de se concentrer sur un personnage et d'en éclairer la signification. Il s'agit encore ici du portrait d'une femme seule pour élever son fils, obligée de travailler dans un bar pour joindre les deux bouts avec le mince espoir de trouver un compagnon. Mais les hommes sont si veules ! Moins réussi que Quand une femme monte l'escalier, dont le thème est voisin.


07/06/2010
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