Montréal, couleur sépia
Après La traversée du continent, et avant La traversée des sentiments, Michel Tremblay nous offre, ce printemps, La traversée de la ville. Un véritable cadeau, car ce nouveau roman d'époque, le Montréal de 1914, couleurs sépia, ne décevra pas les fidèles de l'écrivain québécois. Sa plume, toujours inspirée, décrit avec un mélange de tendresse, de mélancolie et de vivacité une ville en plein développement économique où les petits chars (tramways) croisent les charrettes et les premières automobiles, dans des effluves de crottin et d'essence. Portrait d'une ville, mais aussi de femmes, trois soeurs au coeur lourd d' amours perdues qui se tiennent droit dans la tempête. Le style de Tremblay et ses expressions québécoises irrésistibles emportent le lecteur dans un torrent d'émotions diffuses, du rire aux larmes, comme disent les amateurs de clichés. Pour les personnages du livre, la vie n'est que désillusions en chaîne, mais ce n'est pas une raison pour être triste ou, comme l'écrit Tremblay "comme quelqu'un qui aurait perdu un pain de sa fournée."