Pourriture noble (The Housemaid)

Il est parfaitement légitime de trouver The Housemaid grotesque et caricatural dans son évocation de la lutte des classes coréenne. C'est une vision des choses, une autre est de considérer le film d'Im Sang-soo comme un opéra baroque, un exercice en huis-clos volontairement outrancier pour mieux décrire une ambiance sulfureuse où luxe, calme et volupté se dissolvent dans une perversité et un sadisme éclatants. A quoi bon chercher la nuance dans ce féroce règlement de compte à l'encontre de la haute bourgeoisie, si supérieure au commun des mortels ? L'expression "Pourriture noble", en toute ironie, conviendrait parfaitement.
Il n'y a pas davantage de place pour l'émotion, alors même que la lumière du film est délibérément froide et les rapports de force crus et cruels. Im Sang-soo, dans un décor flamboyant (quelle maison !), d'une beauté lugubre, met en scène avec une virtuosité ahurissante ce thriller mélodramatique. Il est rare dans le cinéma d'aujourd'hui de pouvoir s'extasier devant une telle maîtrise, en particulier dans cette profondeur de champ qui donne au film une ampleur inouïe. Et qui renforce cette sensation d'étouffement jusqu'à un final emphatique, au risque du ridicule. Là haut, sur leur petit nuage, Luis Bunuel et Claude Chabrol ont dû apprécier le spectacle.



16/09/2010
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