Résistance et dignité (Illégal)

Au début d'Illégal, Tania, clandestine russe, utilise un fer à repasser pour effacer ses empreintes digitales et empêcher une identification. Scène violente, prélude d'un film sans concession, aux limites du documentaire, avec un traitement proche des frères Dardenne. Bienvenue en Belgique.
La majeure partie du film d'Olivier Masset-Depasse se déroule dans un centre de rétention, endroit sinistre, no-man's land aux allures de Tour de Babel, pour des individus considérés comme des numéros et susceptibles d'être expulsés d'un moment à l'autre. Pire que la prison.
Le cinéaste belge, militant des droits de l'homme, évite adroitement les pièges du film à thèse. En concentrant son scénario sur Tania, femme indomptable et pas immédiatement sympathique, il se sert de la fiction pour imposer une oeuvre de résistance. Un véritable thriller psychologique, Tania se bat essentiellement pour son fils, qui tient à distance tout pathos, mais pas l'émotion. L'actrice Anne Coesens, pratiquement de toutes les scènes, est tout bonnement prodigieuse dans un rôle physiquement et mentalement éprouvant.
Pourquoi le titre est-il "Illégal", au masculin ? Le cinéaste répond qu'il considère que c'est justement le système qui est illégal avec ces inhumains centres de rétention administrative. Tania n'est pas une criminelle, juste une femme qui travaille sur le sol belge et se bat pour élever son enfant. Sans papiers et avec dignité.



15/10/2010
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