Une disparition inexplicable (Chanson pour l'absente)
Le plus admirable, dans Chanson pour l'absente, est la façon dont Stewart O'Nan tient la note, sur près de 400 pages, dans sa description d'une famille et, plus largement, dans le portrait d'une petite ville, dont l'univers aseptisé se délite peu à peu, après la disparition inexplicable d'une jeune fille bien sous tous rapports (a priori). Ici, pas de pathos gênant, pas de complaisance dans la douleur, mais un incroyable sens du détail dans ce roman qui fouille les âmes jusque dans leurs tréfonds et fait un sort, par la même occasion, au fameux "American Dream". Tout y est décrit avec une minutie quasi maniaque, l'enquête, bien sûr, mais surtout les variations saisonnières des états d'âme des proches de l'absente. Chronique d'une communauté en état de choc, le livre de Stewart O'Nan ne laisse aucune marge de manoeuvre à ses protagonistes, traqués dans leurs habitudes, leurs mauvaises pensées, leurs vices. Cette littérature pointilliste ressemble à un pare brise qui se fendille après l'impact. Plus le temps passe et plus l'espoir de revenir à la "normale" s'estompe. Le happy end n'est pas pour demain.
Avec ce livre, nul doute que le chantre désabusé de l'Amérique profonde va faire de nouveaux adeptes. Bienvenue au club des O'Nanistes !
Avec ce livre, nul doute que le chantre désabusé de l'Amérique profonde va faire de nouveaux adeptes. Bienvenue au club des O'Nanistes !