Une gueule d'atmosphère néo-zélandaise
Certains livres ont une vraie gueule d'atmosphère, qui s'impose au-delà d'une intrigue, aussi ingénieuse soit-elle. L'église de Coltrane de Chad Taylor est de cette race de romans, avec son héros cabossé (les paysages de la banlieue d'Auckland le sont aussi), revenu de tout parce qu'il y est déjà allé, et qui traîne une sombre mélancolie dans son sillage. Le récit de Taylor n'est pas linéaire, sa plume y va de quelques solos jazzy qui, chez un autre auteur, seraient hors sujet mais chez lui, non, au contraire, c'est tout le charme de cet écrivain néo-zélandais dont le style hypnotique et évanescent est comme un écran de fumée pour cacher quelques douleurs enfouies. Plus que la mort d'un père, c'est son absence que le personnage principal du livre ressent, voire sa présence invisible à travers une collection de vinyls (belles pages nostalgiques sur l'authenticité des disques anciens face à la musique téléchargée) et un manuscrit inachevé. La prose de Chad Taylor peut évoquer un mix entre Murakami, Modiano et Chandler. Peu importe, il suffit de suivre son tempo indolent. Quand la musique est bonne...