Une somme sur Naruse



The cinema of Naruse Mikio. Women and japanese modernity.

Parue en 2008, cette somme sur l'oeuvre de Naruse a été écrite par une universitaire américaine, Catherine Russell. Un livre de référence qui dépasse largement celui de Jean Narboni, le seul existant en français. Contrairement à lui, C. Russell a vu tous les films de Naruse (5 muets et 63 parlants), sachant que le cinéaste en a tourné 21 autres qui semblent irrémédiablement perdus. Il ne s'agit pas d'une biographie, encore moins d'une hagiographie, mais d'une analyse pointue de chaque film, tant sur le plan du fond que de la forme, le tout remis en perspective avec l'histoire du Japon et des évolutions sociétales. Russell s'attarde évidemment sur les thématiques chères à Naruse, en premier lieu la condition des femmes. Et aussi sur sa relation avec le monde des livres, puisqu'il a très souvent adapté des romanciers japonais, à commencer par Fumiko Hayashi et, dans une moindre mesure, Kawabata. Ce bouquin est passionnant, érudit mais écrit de façon claire et argumentée, à consulter à chaque nouvelle vision d'un film de Naruse. Reste que le personnage du cinéaste demeure toujours aussi énigmatique. Il y a très peu d'interviews de lui et ses collaborateurs ne sont guère prolixes à ce sujet, tous s'accordant à parler de sa difficulté à communiquer. Son actrice fétiche, Hideko Takamine, morte il y a peu, déclarait qu'elle n'avait jamais d'indications de jeu et que ses relations avec lui étaient quasi inexistantes. Si l'homme Naruse est un mystère (il se définissait comme un simple salarié des studios), son oeuvre est à découvrir et à aimer. Pour l'heure, j'ai vu 36 de ses films. Quel bonheur d'en avoir encore presque autant à découvrir, à condition de les dénicher, ce qui n'est pas une mince affaire.


09/01/2011
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