Athlétisme et angélisme (La ligne droite)
Le réalisateur d'Indochine est un fondu
d'athlétisme. Pas seulement pour la compétition, mais aussi et surtout,
pour l'histoires intime des champions. Ses documentaires, consacrés à
Hicham El Guerrouj, Heike Dreschler etc, sont d'ailleurs de petits
bijoux. Avec La ligne droite, Régis Wargnier tente de filmer une fiction
autour du sport roi de l'olympisme, mais le moins que l'on puisse dire
est que le résultat est très décevant. Accusé principal : le scénario,
plus chargé que Marion Jones à sa grande époque, qui agrège les malheurs
de ses deux personnages principaux (athlète devenu aveugle, jeune femme
sortant de prison), au risque du mélodrame. Comment se sortir d'un
point de départ aussi ouvert aux clichés ? Eh bien, il ne s'en sort pas.
D'autant que le sport passe vite au second plan, derrière la relation
psychologiquement compliquée qui se noue entre le coureur invalide et sa
guide. Les dialogues sont signifiants, l'interprétation pataude, hormis
Rachida Brakni, dix foulées devant ses camarades. Les meilleures scènes
sont celles des entraînements, filmés avec fluidité. Mais elles
n'occupent qu'une partie infime de cette Ligne droite qui ressemble
davantage à une course d'obstacles. Un honnête téléfilm diront les moins
indulgents qui n'auront pas vraiment tort. Surtout avec ce dénouement
d'un angélisme gênant.