Au bord de la quarantaine et de la crise de nerfs
A l'instar de ses confrères indiens, Shashi Deshpande est une conteuse hors pair, experte dans l'art de révéler des informations parcellaires qui ne trouveront leur explication entière qu'en toute fin de son roman. Cependant, à la différence des autres grandes oeuvres de la littérature indienne, Après la pluie est un livre où l'intimité et les sentiments, exacerbés, tiennent une place bien plus grande. Une maison y tient le rôle principal, plus incarnée encore que les personnages qui y vivent ou y meurent. La mort, justement, est au coeur du récit, pour les souvenirs qu'elle entraîne et, bien davantage, pour les remords de ceux qui restent avec leur incapacité à éviter le naufrage. Tous les caractères de Deshpande boitent du côté de leur âme, à commencer son héroïne, femme au bord de la quarantaine et de la crise de nerfs. Amère, déboussolée, comme en vacance d'elle même. Le roman est splendide, universel par ses thèmes et cet insoutenable pesanteur de l'être.