Au fond d'un canyon, personne ne vous entend crier (127 heures)
Tout le monde connait l'histoire, jusqu'à son
dénouement. Ce n'est pas un problème en soi, le thème de la survie, de
la résistance humaine face à une mort certaine et de la volonté de s'en
sortir, quitté à y laisser un bras, a quelque chose de viscéral qui
pouvait donner un film passionnant. Hélas, Danny Boyle ne raconte pas
cela, ou bien peu, dans son 127 heures. Pas assez d'action, à son goût,
avec ce type coincé au fond d'un canyon pendant 5 jours. Alors, Boyle
brode, empile les flash-backs et les fantasmes du futur héros dans un
kaléidoscope d'images accélérées, façon clip géant. Gros plan sur James
Franco en souffrance -très bon, par ailleurs- et hop, on passe à une
musique en transe et à des réminiscences de fêtes passées ou de
souvenirs d'enfance, avant le clou du spectacle. C'est à dire
l'opération d'auto-mutilation, bien saignante et aussi peu ragoûtante
qu'on l'imaginait. Bon appétit ! Le film est à l'opposé de ce qu'a dû
être l'expérience d'Aron Ralston : frénétique, et superficiel. Au fond
d'un canyon, personne ne vous entend crier. Malheureusement, dans 127
heures, le silence est rare, comme s'il fallait absolument donner du
rythme à une situation figée. Et si la nature a horreur du vide, il
semble bien que Boyle aussi.