Belle gueule d'air du temps (D'amour et d'eau fraîche)
Le personnage principal de D'amour et d'eau fraîche s'appelle Julie Bataille. Le nom lui va assez bien au teint, bon petit soldat qui ne demande pas mieux que de s'intégrer dans le monde du travail. Jeune, jolie, diplômée, elle navigue pourtant entre jobs minables et boulots humiliants. Une époque formidable, non ? Adepte d'un cinéma naturaliste et peu portée sur le psychologique ou le spectaculaire, Isabelle Czajka joue plus sur les temps morts, les variations saisonnières du moral de son héroïne, qui n'a d'autre choix que de se laisser dériver au fil des circonstances. Pour sûr, D'amour et d'eau fraîche, entre Pialat et Doillon, en version light, a une belle gueule d'air du temps. Faut-il glander plus pour vivre mieux ? Bof, il n'y a pas de leçon de morale dans ce film, une sorte de fatalisme quand même, mais insouciant et presque gai, du moins pour le temps présent. Quant à l'avenir ? On verra bien ... Anaïs Demoustier, subtilement dirigée, est formidable dans le rôle de Julie. Isabelle Czajka est une bonne directrice d'acteurs, une scénariste douée et une réalisatrice pas géniale, mais honnête. De quoi croire à son avenir, à elle.