Colombie schizophrène (Histoire secrète du Costaguana)

Après Les dénonciateurs, un premier roman prometteur, la lecture de Histoire secrète du Costaguana, nouvelle livraison de Juan Gabriel Vasquez, écrivain colombien de 36 ans, s'annonçait sous les meilleures auspices. Placée sous l'ombre tutélaire de Joseph Conrad, cette évocation de l'histoire colombienne au tournant du 20ème siècle ne pouvait être qu'échevelée et riche en rebondissements dans la plus pure tradition picaresque. Aux dires de la quatrième de couverture, c'est bien le cas, mais en réalité, si le roman galope à brides abattues, il n'en est pas moins fort confus et empêtré entre le destin d'un anti-héros (celui à qui Conrad a prétendument volé la mémoire pour écrire Nostromo) et la Grande Histoire, celle d'un pays schizophrène, la Colombie, qui finit par perdre sa province lointaine du Panama. Pour corser l'affaire, Vasquez conte avec force détails les déboires de Lesseps dans sa tentative de creuser le canal (de Panama) que les américains finiront par achever. Certes, le livre ne manque pas d'humour et de vivacité, mais il ressemble à une jungle où la chronologie est malmenée et où les personnages disparaissent aussi vite qu'ils sont entrés en scène, sans qu'on puisse s'y attacher. Devant la prose luxuriante de J.G Vasquez, que faire d'autre que déposer les armes ? Par lassitude, s'entend, pas pour saluer l'artiste. Pour plagier Salieri face à Mozart, on pourrait dire que ce roman a un gros défaut : il contient trop de mots.



28/01/2010
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