Confusion dans le sud (Un balcon sur la mer)
Tout n'est pas à jeter du haut du Balcon sur la
mer, mais pas loin. La partie algérienne du film de Nicole Garcia ne
manque pas de charme même si elle joue sur ce qui s'apparente désormais à
un certain nombre de clichés sur le contexte de la pré-indépendance. Ce
qui ne fonctionne pas, c'est l'architecture du film, à commencer par
son point de départ, cette coïncidence/erreur sur la personne, qui
déclenche une vague nostalgique et une grande confusion des sentiments.
Et que dire de cette magouille immobilière, qui est au coeur du film, et
qui n'a strictement aucun intérêt ? Pourquoi faire simple quand on peut
faire compliqué ? Les pistes narratives se brouillent et se chevauchent
dans Un balcon sur la mer, éloignant du thème principal : la relation
entre les personnages joués par Dujardin et Croze. Si le premier se tire
sans trop de dommage d'un rôle qui demande une certaine subtilité, sa
petite camarade semble très mal à l'aise en fausse vamp rattrapée par un
amour d'enfance. Etonnant, d'ailleurs, de voir qu'une fois débarrassée
de sa teinture blonde, qui ne lui va pas du tout, elle redevient
l'actrice naturelle et sensuelle que l'on connait. Quant aux seconds
rôles, ils sont inexistants et d'une fadeur à faire peur. Native
d'Algérie, Nicole Garcia n'a pas, par pudeur, sans doute, voulu
concentrer son film sur les "événements" du début des années 60. Son
scénario, touffu et artificiel, manque totalement d'émotion et de
vérité, si l'on excepte quelques courtes scènes baignées par la lumière
éclatante du sud. Ce sixième film de la réalisatrice est le moins abouti
de tous, et largement.