De l'iode dans les sentiments (Angèle et Tony)
Et un petit coup de coeur, un, pour un premier
film français modeste, pudique, et fichtrement humain. Angèle et Tony,
c'est la rencontre improbable entre un chat écorché et un ours mal
léché. Sortez les violons ? Non, ce n'est pas le genre de la maison, il y
a de l'apprivoisement dans l'air et des sentiments blessés à panser,
d'abord. Ne pointons pas du doigt les quelques imperfections techniques et
scénaristiques de ce long-métrage de la débutante Alix Delaporte, ce
serait injuste eu égard à la fraîcheur d'un film aux grandes effluves
d'iode qui chemine à son rythme, vers un dénouement heureux. Ou
peut-être pas, car l'amour d'Angèle pour Tony reste un mystère, que le
film, bien trop court (c'est une sorte de compliment) ne tranche pas.
Quant à son point fort, c'est indéniablement son interprétation. Quand
Clotilde Hesme, visage buté en permanence, sourit enfin, c'est comme si
la salle de cinéma s'illuminait d'un coup. Et son partenaire, le méconnu
Grégory Gadebois, pensionnaire de la Comédie française, est magnifique
de bout en bout. Comme c'est bon d'être ému, parfois, par l'apparente
simplicité d'une histoire de reconstruction affective.