Des néons et le néant (L.A Story)

Tentaculaire et tentatrice, tantôt angélique, tantôt démoniaque : Los Angeles, ville des fantasmes, miroir aux alouettes qui grillent sous un soleil constant. L.A Story, de James Frey, est un roman fleuve ou plutôt un fleuve déguisé en roman qui charrie sur près de 500 pages des histoires en pagaille, drôles, parfois ; dramatiques, souvent ; qui sonnent juste, toujours, parce qu'elles sont vraies, même inventées. Colonne vertébrale du livre : quatre destins, ceux d'un SDF, d'un acteur adulé, d'un jeune couple, d'une mexicano-américaine. On va suivre les zigzags de leur existence, en pointillé, comme dans un roman à suspense. Car James Frey fait avant tout le portrait d'une ville, d'une mégalopole à multiples facettes. Dans les interstices de ces 4 intrigues, il glisse, en quelques lignes, ou plusieurs pages, des personnages qui disparaitront aussitôt. Plus de nouvelles, mauvaises nouvelles ? Et puis, l'auteur raconte, à doses homéopathiques, les faits marquants de l'histoire de L.A, comme ça, sans effet de style, juste pour que le décor soit planté. Roman total, livre titanesque, L.A Story est un tour de force, un tour de manège qui ne s'arrête pas, façon montagnes russes. Réalité, fiction, tout s'imbrique, tout se mélange, dans un style parfois apaisé, parfois incandescent. Malgré un petit relâchement vers la fin, James Frey ne desserre pas l'étau. Vous vouliez une évocation réaliste de Los Angeles ? Vous l'avez ! Mais ne vous plaignez pas si on y côtoie la dèche, la misère morale, l'humiliation, plutôt que le strass et les paillettes. Attention, il y a des bouts d'espoir aussi, comme des chandelles dans la nuit, vacillantes et dont on ne parierait pas sur la longévité, mais c'est mieux que rien. Il y a des bouts de tout dans ce bouquin, comme une tapisserie vivante, une mosaïque animée, grouillante de milliers de pauvres existences humaines. On referme le livre en tremblant. Tétanisé.  Los Angeles, tentaculaire et tentatrice, chaque jour des milliers de gens y débarquent, l'espoir en bandoulière. Tant qu'il y a du rêve, il y a de la vie. Des néons et le néant.





11/11/2009
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