Difficile de faire plus slave (Sous un ciel qui s'écaille)
Qui se souvient d'un film de Goran Markovic :
Tito et moi (92), une tragédie burlesque au charme très slave ? Sous un
ciel qui s'écaille de Goran Petrovic y fait immédiatement penser,
par son ton, cocasse et poétique à la fois, et sa façon, sans en avoir
l'air, de dire des choses graves avec légèreté.
C'est toute le vingtième siècle de la Serbie (et de l'ex-Yougoslavie) qui est raconté dans ce "cinéroman". Pas de façon chronologique, non, mais dans un désordre subtilement agencé où le destin d'une trentaine de personnages, pas moins, est évoqué, avec pour point de départ une séance pas comme les autres, qui eut lieu un certain jour de mai 1980, au cinéma Uranie.
Entre une perruche qui refuse de parler, un projectionniste qui coupe des morceaux de film pour construire son oeuvre personnelle, un ouvreur qui a le sentiment d'être aux portes du paradis, et une galerie inoubliable de spectateurs tous croqués avec un sens du portrait ébouriffant, Petrovic crée un microcosme serbe haut en couleurs et en douleurs, ces dernières apparaissant en filigrane, l'auteur ayant l'élégance de préférer la dérision au sérieux.
Le plus étonnant est qu'en moins de 200 pages, Goran Petrovic réussisse à en dire bien plus qu'un pavé de 500. Un vrai tour de farce, pardon de force, proprement jubilatoire, avec une pointe de mélancolie sous la plume. Difficile de faire plus slave.
C'est toute le vingtième siècle de la Serbie (et de l'ex-Yougoslavie) qui est raconté dans ce "cinéroman". Pas de façon chronologique, non, mais dans un désordre subtilement agencé où le destin d'une trentaine de personnages, pas moins, est évoqué, avec pour point de départ une séance pas comme les autres, qui eut lieu un certain jour de mai 1980, au cinéma Uranie.
Entre une perruche qui refuse de parler, un projectionniste qui coupe des morceaux de film pour construire son oeuvre personnelle, un ouvreur qui a le sentiment d'être aux portes du paradis, et une galerie inoubliable de spectateurs tous croqués avec un sens du portrait ébouriffant, Petrovic crée un microcosme serbe haut en couleurs et en douleurs, ces dernières apparaissant en filigrane, l'auteur ayant l'élégance de préférer la dérision au sérieux.
Le plus étonnant est qu'en moins de 200 pages, Goran Petrovic réussisse à en dire bien plus qu'un pavé de 500. Un vrai tour de farce, pardon de force, proprement jubilatoire, avec une pointe de mélancolie sous la plume. Difficile de faire plus slave.